Dimanche 7 novembre 2010 à 18:13





"C'est bizarre comme tu es devenue depuis un an, comme tu t'habilles et tout..."

La vérité remonte à loin.
Quand j'étais petite, ma mère m'amenait dans les magasins pour m'acheter trois bricoles de vêtements. Ma mère a toujours été très coquette, sauf que je n'ai jamais eu les mêmes goûts qu'elle en fait. J'étais encore trop petite, alors je supportais les gilets noirs et gris avec des chiens, les chemises de bébé, et le reste. Il n'y a que le survêtement Barbie qui est TRÈS MAL passé. Parce que j'étais en CM2, et que je savais qu'on allait pas arrêter de se moquer de moi. Je sais plus comment j'ai fait pour m'en débarrasser, mais bon.

En sixième, j'ai fait des tests. Comme cet immonde ensemble bleu, ou ce truc rose fushia.
Puis finalement, j'aimais pas.
Je n'aimais pas m'habiller.
Il ne fallait pas non plus me parler de maquillage, et c'est encore le cas d'aujourd'hui.
Je venais d'avoir mes lunettes, ma tête ne s'arrangeait pas. Quoiqu'elle était plus ronde et plus jolie à 11 ans qu'à 21.

Bref, s'habiller était horrible, et ma mère avait de plus en plus de mal à me supporter dans les magasins, parce que j'étais d'une humeur exécrable et de très mauvaise foi. En plus, j'étais très maigre. Ma belle-mère n'arrêtait pas de dire que j'avais des quilles à la place des jambes, et ça, ça ne m'aidait pas.

Et puis, je n'avais pas envie de me faire remarquer (et admirer) juste parce que j'étais bien habillée. J'aime pas cette idée où ce sont les apparences qui priment sur la personnalité des gens.

Et j'ai compris, y'a un an, que je n'avais pas le choix. TOUT passe par L'APPARENCE. Qu'on le veuille ou pas, c'est comme ça. On ne peut plaire aux gens que par notre image. C'est pour ça que j'ai jamais vraiment eu d'amis, et encore moins de copains. On rajoute à ça la haine des magasins, l'éducation que j'avais reçue qui faisait que je ne réclamais jamais quelque chose à mes parents, et le reste.

Seulement, voilà, l'année dernière, j'ai vu l'Accro du Shopping au cinéma et j'ai lu les bouquins. J'ai pris conscience d'un truc, mais j'ignore quoi. En tout cas, je sais que le jour des résultats du BTS, je n'ai pas sauté de joie en voyant que je l'avais eu contrairement à plus de la moitié de la classe.

Pendant deux ans, j'ai été ignorée, malmenée, critiquée, traitée comme un chien, humiliée. Ce BTS aura été le plus gros regret de ma vie. Ca, et mon Bac STG. Mais bon, revenons à nos moutons. Quand j'ai vu que j'avais ce BTS qui m'avait tant pourri la vie, je n'ai pas pleuré comme les pouffes d'à côté. Non. Je suis allée claquer mon fric à Promod. Deux mois plus tard, il y aurait le baptême de Chloé. Et j'ai eu ma première jolie jupe. Elle y était qu'en 36, et même si j'ai dit que j'étais plutôt maigre je n'ai jamais prétendu que c'était le cas pour mes fesses. >_< Donc... Et bien j'ai eu mon premier tic superficiel : j'ai serré les cuisses et j'ai tout fait pour parvenir à la glisser. Et voilà. J'ai passé du 36 alors que je faisais une taille de plus.

28 août, j'aménageais à Draguignan. Vers le 2 septembre, je rencontrais Monsieur Camille, avec qui j'ai eu une discussion sur mon moi-même (celle que je garde toujours secrète, vous savez, en fait, il n'y a que Romain qui sait). Mes cheveux commençaient à devenir très longs ; je devenais de plus en plus mal à l'aise dans mes vêtements, et j'avais honte. Le baptême de Chloé est arrivé, j'ai fait un effort vestimentaire, j'ai ôté mes vieilles boucles d'oreilles en or, et j'ai mis à la place celles fantaisie que m'avait offertes Audrey d'Alsace. Et ce jour-là, j'ai eu des compliments. Je n'en avais jamais eu autant. Tout le monde m'a trouvé changée, et j'ai aimé ça.

Le temps passait. Je changeais de boucles d'oreille tous les jours. Monsieur Camille disait aimer celles avec la libellule et vouloir les mêmes (-_-" no comment).

Et puis, un jour...

AUDREY : J'ai fait des emplettes aujourd'hui !
SANDRA : ENCORE ?!
AUDREY : Maiiiiis ! C'est la faute à Sabrina, quand je suis avec elle, elle m'amène toujours dans les magasins ! Là, on est allées à Cache-Cache, regarde ce que j'ai pris...
SANDRA :  Cache-Cache ?! Il y a un CACHE-CACHE À DRAGUIGNAN ?!!!
AUDREY : Mais ouiii !
SANDRA *empoigne son amie par le col, menaçante* : OÙ ÇA ?!! RÉPONDS ! OÙ ?!

Elle n'a jamais su m'expliquer, mais j'ai pu le trouver toute seule après quelques semaines de recherche. Cache-Cache, je connaissais parce qu'il y avait de jolies choses, mais je n'avais jamais craqué. Peur, honte, bref. Puis un jour, j'ai osé.
Ça a commencé par une chemise -minable. J'étais déçue de moi. Toujours pas d'efforts. Et puis après...

L'anniversaire de Malo approchait. J'avais ma première soirée étudiante deux jours avant. J'ai fini par acheter une robe et une paire de collants. Je me suis dit que je savais pas où j'allais comme ça, mais que j'y allais. Ça a été une première revanche sur Monsieur Camille en tout cas (car d'autres ont suivi : deux fois le cinq mars !)).

Après, c'est allé tout seul. J'en ai acheté deux autres.  Puis une troisième. Une deuxième paire de collants. Un gilet. Un jupe bien courte (c'était la deuxième revanche ça). Et un jean, parce que je croyais que c'était pas un jean finalement, et que je me suis fait avoir. Bref. (Et ma robe de gala, validée par Romain, attention - troisième revanche).

Malgré ça, entre temps, j'ai eu Provost, mon ver solitaire. J'ai beaucoup maigri. Il a fallu tout reprendre. Mais après ça, j'ai commencé à prendre conscience de mes jambes. Finalement, je les trouvais pas si maigres, pas si "quilles" que ça. Quand je me perchais sur des talons, je trouvais qu'elles étaient même plutôt longues. Bref. Même si j'étais une fille à l'allure disproportionnée, j'avais des jambes acceptables. Et j'avais honte quand Linda, Andra et Audrey les commentaient et les regardaient à la piscine. La prise de conscience sur ma poitrine, c'est venu l'été. Là encore, j'ai continué les efforts vestimentaires.

Et depuis, ça continue.
Même si je ne mets et ne veux pas mettre du maquillage, parce que je serais vraiment dégoûtée que ma vie change à cause de ça. Est-ce que ça voudrait dire qu'on s'intéresserait pas à moi si j'en mettais pas ? Les rares où j'en ai mis, ça a été pour le gala du 5 mars (LA REVANCHE, LA REVANCHE, VOUS AURIEZ VU LEUR TÊTE À TOUS ET À TOUTES) et mes récents entretiens d'embauche, pour me vieillir (en vain).

Ce que je voudrais dire, c'est que je trouve ça horrible d'en arriver à faire des efforts vestimentaires JUSTE pour exister.
J'aime pas cette mentalité, mais est-ce que je peux vraiment y échapper ?

C'est comme à Marseille, il y a trois jours. J'ai jamais eu peur à Marseille. Sauf il y a trois jours.
J'avais une rencontre emploi, et rien de professionnel à me mettre à part ma robe boule et mes collants (il faisait tellement chaud dehors).
Et ben, rien à faire, j'ai pas été à l'aise, on m'a fait même fait chier plusieurs fois, et sur la fin, j'ai même cru que j'allais être suivie.

Bref. Voilà.

Moralité ? L'apparence, y'a que ça qui compte. Et c'est moche.

Poussières de fée

Agite tes ailes

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