Vendredi 14 décembre 2012 à 23:00

Vous titillez d'impatience, je le sens, je le sais.
Mais comment s'est donc passée la première semaine (moins le lundi, vu que j'ai commencé mardi) de Sandra ?

Bien, j'ai envie de dire.
Je vais même aller jusqu'à dire que je trouve que je me suis bien démerdée.

Je me suis intégrée dans l'agence... pas difficile, nous ne sommes que deux.
Mon employeur m'a invitée au resto mardi midi, du coup, on a un peu mieux fait connaissance, et puis ça a confirmé l'idée qu'il se faisait de moi : je suis très proche de la réalité, et il aime beaucoup ça, ma façon de penser (si vous me demandez un jour, sachez que j'ai obtenu ce poste grâce à mes prétentions salariales en grand lien avec la réalité de jeune diplômé plein de bon sens (l'astuce de Tatie Sandra : dites que vous ne pouvez pas travailler au SMIC parce que vous avez été plongeuse, poste sans qualification, pendant un an et demi, que le Bac+4 justifie un peu plus, mais que votre manque d'expérience ne vous permet pas d'être exigeant, et que votre jeunesse ne vous permet pas d'avoir de réelles prétentions salariales, et que soyons réaliste, vous êtes une entreprise avec un budget, vous me donnez ce que vous pouvez me donner en rapport avec mes compétences, surtout que, on va être honnête, ce n'est qu'un CDD d'un mois ; ... et je pense que vous ferez, comme moi, bonne impression (je pense que je me suis fait passer une personne mature quand j'ai dit tout ça).

Bon, y'a pas que ça qui a joué hein. J'ai de bonnes bases en droit du travail, et j'ai le minimum requis pour bosser dans les RH (formations + stages à répétition).

Ma première journée a été placée sous le signe de l'intégration et de la formation.
Ça commence par zieuter et parapher le contrat, filer toutes les copies de mes diplômes, prendre note de mes identifiants, de mon adresse mail...
Puis par les rudiments sur le progiciel.
Puis par tous les noms des interlocuteurs que je serai susceptible d'avoir.
Puis par tous les descriptifs des clients.

Et par du téléphone.
Du téléphone.
Et encore du téléphone.

Je peux vous dire qu'en cinq minutes, ma mythique peur du téléphone avait disparu. Je dois passer en moyenne 30 coups de fil dans la journée, en recevoir au moins autant, et perdre une heure, si c'est pas plus, à être suspendue au combiné au total. J'aurais été dans l'Armée de l'Air, j'aurais appelé ça une tâche parasite. J'sais pas vous, hein, mais c'est ce que je pense.

Lors de ma première journée, même, on m'a raccroché pour la première fois au nez. Je suis restée un peu sur les fesses tellement je m'y attendais pas. Un dénommé Kebab (son vrai nom !), un de nos fournisseurs de candidatures, qui nous reprochait ouvertement (trop ouvertement, d'ailleurs) de faire des "choix ethniques" alors que si tu regardes les noms de 9 intérimaires sur 10... tu te rends compte que c'est pas du tout le cas, quoi.

BREF.

Le deuxième jour, j'ai organisé ma messagerie électronique, fait le tri dans mes mails, crée ma signature électronique, fait plein d'attestations Pôle Emploi (signé "Sandra B, Chargée de recrutement", c'est vraiment très excitant d'apposer sa signature quelque part), et zieuter du côté du site internet de Pôle Emploi. Pour la première fois, j'ai accès à l'espace recruteur au lieu de l'espace candidat. Ça aussi, c'est susceptible de me faire monter les larmes aux yeux. Même si je sais que dans un mois, je serai de retour à l'espace candidat.

Ça m'a permis de confirmer ce que je pensais : le site internet de PE est vraiment à l'image de l'administration elle-même : mal foutue, et loin d'être opérationnelle. En gros, j'ai plein de candidats dans ma liste, mais je peux en contacter pratiquement aucun, parce que PE propose des candidatures anonymes, supprime les moyens de contact (j'ai ni nom, ni numéro de téléphone, ni mail), et que si le type n'a pas eu LE BON SENS de joindre son CV (avec les éléments manquants), ben je peux pas me rapprocher subtilement de lui. Je suis obligée alors de faire des propositions d'emploi, où il faut carrément que je crée un nouveau besoin, pour parvenir à contacter un type qui sera peut-être pas motivé, pas disponible, pas folichon, bref, pour un type qui n'en vaudrait peut-être pas la peine. Pas envie de perdre mon temps, alors je contacte juste ceux qui pensent à mettre leur CV.

Je ne fais pas de discrimination. Si j'avais le moyen de le faire, mon critère de rejet serait l'orthographe et la grammaire.
Je suis franchement allergique aux fautes d'orthographe, et je manque de faire une syncope à chaque candidature que je vois. Y'en a pas une qui s'apparente à du français. Mais comme malheureusement, je recherche des postes non qualifiés, et que ce genre de candidats ont décroché de l'école et qu'ils me font de la peine, je prends sur moi pour fuir les paragraphes remplis de fautes monstrueuses et de formules de style absolument incroyables. Et je les appelle quand même, parce que sinon j'aurai jamais personne.

Je crois que si je quitte l'intérim un jour, ce sera parce que j'aurai encaissé un trop-plein de fautes d'orthographe dans ma vie professionnelle, et que psychologiquement, voire même physiquement, je ne pourrai plus le supporter.

 

Jeudi aprèm, mon employeur m'a laissée seule à l'agence (il avait une réunion (durant laquelle la direction a demandé que j'écrive une lettre de motivation manuscrite pour faire une étude de graphologie, et que je donne une photo, pour le cas où je serai amenée à poursuivre au-delà de mon CDD). jusqu'à 16h, et il a fait exprès de pas rentrer après juste pour voir comment j'allais gérer.

Bon. Jusqu'à 16h, ça allait. J'avais plein de messages pour lui (Machin s'étonne du montant de son acompte, TrucMuche râle parce que sa paie lui paraît trop mince, la Médecine du travail me tape sur le système, etc...), que je lui ai transmis, mais ça allait. C'était gérable.

Après, c'est parti en cagagne. 

Parce que déjà, on est dans la période de paie.
Donc je vais être très franche, très honnête, et donc vulgaire, avec vous : ON M'A FAIT CHIER TOUTE L'APRES-MIDI. Putaaaaaiiin, un quart d'heure au téléphone pour expliquer à Bidule que BEN OUI MON COCO, TU DEMANDES DES ACOMPTES DE 300 A 600 EUROS PAR SEMAINE, ALORS OUI, C'EST NORMAL QU'L TE RESTE 150 EUROS A LA FIN DU MOIS, BORDEL, TU COMPRENDS PAS QU'ON T'A FILE 1700 D'ACOMPTE EN UN MOIS ?!!!!!

Sérieux ! Ils sont fort pour râler ! Je veux bien qu'on fasse des erreurs, que c'est normal de demander, de réclamer, de s'étonner... mais j'aimerais qu'ils se donnent AUTANT de peine qu'ils en ont pour me casser les ovaires pour être aimables et respectueux !

Le téléphone, c'était sonnerie sur sonnerie, tellement que j'ai une intérimaire qui a dû patienter pendant 1/4 d'heure pour que je m'occupe d'elle. Et le dernier que j'ai reçu, qui m'a aussi cassé les bonbons, posant questions sur questions, je lui ai carrément dit "écoutez, je finis ma journée dans un quart d'heure, et j'ai des choses urgentes à faire. Donc je verrai demain, OK ?". Il en a rien eu à foutre. Bon.

Bref. J'ai l'habitude d'appeler tous les soirs les intérimaires d'un client en particulier pour leur annoncer leurs horaires du lendemain... pour une fois, ils se sont inquiétés et ont appelé eux-mêmes pour les connaître ! Et à 17h30, un chef qui me dit qu'il lui faut une personne pour le lendemain. J'ai répondu, après avoir trouvé, à 18h. Il était parti, j'ai laissé un message.

Mes yeux avaient fondu, j'ai bramé dans le combiné quand mon employeur a téléphoné, et il a bien rigolé en disant que je m'en étais bien sortie.
 

Et aujourd'hui, ça a été le summum. J'ai eu mon compte en "gars qui me tapent sur le système".
Parce qu'ils ont reçu leur bulletin aujourd'hui. Et que les stagiaires sont parties en foutant la merde, ce qui fait qu'ils manquent des heures à pas mal d'intérimaires. Ils se sont acharnés sur moi, tellement que le prochain, je crois que je vais hausser le ton pour qu'on me respecte un peu plus.


Le truc, c'est qu'avec tout ça, j'ai pas le temps de fureter parmi les CV et de recruter. Je suis d'abord Chargée de recrutement. Mais comme y'a personne pour s'occuper de l'administratif et des problèmes des 100 intérimaires qu'on a (et ils ont TOUS un problème), ben c'est moi qui gère. Et je pleure, je pleure, je pleure, parce que mon plus gros client me demande 6 caristes pour jeudi prochain pour une sélection en vue d'un prochain besoin. Et qu'à la place, je me fais engueuler par BiduleChouette qui me dit que c'est scandaleux toutes ces erreurs, qu'on est bons à rien, qu'on l'a pas assez payé et que... Argh.


Bref, si je quitte l'intérim un jour, je crois que ce sera SURTOUT pour quitter les intérimaires.

(Et pour retomber dans le silence, parce que je parle tellement chaque jour, moi qui suis si réservée, que ma voix est devenue morne, ma gorge sèche et mes glandes salivaires vides).

Autrement, à part les aléas du métier (les intérimaires quoi), l'aspect recrutement me régale beaucoup. Et ça se passe bien, je suis juste pas encore assez expérimentée pour casser la baraque, mais ça viendra. J'espère. 

Poussières de fée

Agite tes ailes

Par maud96 le Samedi 15 décembre 2012 à 0:09
J'avoue que c'est bien écrit, beaucoup de détails... mais ça ne fait pas trop envie comme boulot. Ceci dit, tu te débrouilles comme un chef. Mais n'y laisse quand même pas ta peau !
Par laptitesandrou le Samedi 15 décembre 2012 à 11:01
Merci ! Heureusement, c'est juste un mois, et ça confirme franchement mon envie d'aller dans un service RH !
Par MiMiNe le Samedi 15 décembre 2012 à 17:37
Le milieu de l'intérim ça ne doit pas être facile tous les jours la preuve en te lisant mais tout l'instant tu gères c'est clair ! Bon courage !
Par laptitesandrou le Dimanche 23 décembre 2012 à 16:11
Merci ! :)
 

Agite tes ailes









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