En revanche, je savais que ma mère avait longtemps été au CCB.
SANDRA : Ça se trouve, quand t'y étais, t'as dit que t'avais une fille.
MAMAN : Moi ? Jamais ! C'est ta grand-mère qui commandait des trucs pour toi là-bas, ça m'étonnerait pas qu'elle ait mis ton nom !
SANDRA : Mamie Simone ?! Mais Maman, elle me commandait du maquillage à Yves Rocher !
MAMAN : Non ! Les Créateurs de Beauté aussi !
SANDRA : Mais on habitait pas encore à Eyguières quand elle est morte ! Comment ils auraient eu mon adresse ?
MAMAN : Oh tu sais, maintenant, avec Internet, ils te retrouvent.
C'est un signe.
Même si je sais que ce n'est pas forcément un coup de ma grand-mère trois ans après sa mort, je me plais à penser qu'elle intervient dans ma vie comme ça, juste au moment où j'ai besoin d'elle. De son temps vivante, jamais je n'ai mis le maquillage qu'elle m'a offert, mais je l'ai toujours gardé et parfois utilisé pour des entretiens d'embauche ou le Gala de Dragui. Et là, parce qu'elle voit de son étoile, parce qu'elle voit qu'il y a maintenant Florent dans ma vie, parce qu'elle voit que je fais des efforts, que je vais me faire une couleur chez le coiffeur, que je me poudre le nez, parce qu'elle voit ça, elle m'envoie du maquillage et m'incite à aller de l'avant, à continuer.
Ma petite Mamie, je culpabilise. Même morte, tu penses tout le temps à moi, et moi de temps en temps à toi. Je pourrais penser tous les jours à toi, mais j'avoue que ce n'est pas le cas. Mais depuis ton courrier, je pense à toi chaque minute, chaque seconde, et je m'en veux terriblement. Je suis une petite-fille indigne, une traîtresse. J'ai refusé de te voir dès les six mois avant ta mort, je ne voulais pas te voir dépérir. Je suis allée seulement deux fois sur ta tombe. Je ferai de mon mieux pour y aller cette année. Et je prendrai un peu soin de tes fleurs, et je te montrerai comment j'ai grandi et changé, et j'espère que tu seras fière de moi.
Je suis une traîtresse, j'ai l'impression que je perds tout le monde. J'essaie de me départager, de me couper en petits morceaux, pour la fac, pour les devoirs, pour le M1, pour le M2, pour mon avenir, pour Maman, pour Papa, pour Séb, pour Malo, pour Florent, pour le travail, pour la Plume d'argent, pour Polichinelle, je ne veux perdre personne mais je faiblis, je vois que tout s'éloigne et j'ai beau essayer de les rattraper, j'y arrive pas et ça me ronge.
J'aime ces personnes, elles font partie intégrante de mon coeur, j'aime toutes ces activités, elles donnent un sens à ma vie. Mais pourtant, je suis comme Camille. Je finis toujours par décevoir les gens. Je suis triste à l'idée que ce personnage, que je voulais très différente de moi, devienne finalement mon alter-ego (en quelque sorte). C'est marrant, la vie.
Elle et moi, on déçoit (elle, les lecteurs ; moi, mon entourage + les lecteurs (ça fait beaucoup)). On essaie de se départager, de se couper en deux, on essaie de tout faire, d'aimer tout le monde en même temps, et même si on fait des choses mal, des choses incompréhensibles, qui déçoivent, on essaie d'arranger les choses. L'ennui, c'est que le scotch, c'est pas tip-top pour recoller les morceaux.
Voilà.
Vous vous rendez-compte que j'abandonne même Jazz ? D'accord, c'est qu'une peluche, c'est puéril, mais Jazz, c'est un cadeau de Mamie Simone, c'est un confident qui m'a vue grandir. Et là, la nuit, je ne le prends plus dans mes bras et je lui tourne le dos. Pour un autre.
Je ne sais plus quoi faire.
Valà valà. =) Et dans tout ça, n'oublie pas de prendre soin de toi. Câlins !