Je vous remercie pour vos nombreux messages d'encouragement, de soutien et d'amour. J'y répondrai quand j'aurai pris du recul.
Je suis en arrêt de travail de 8 jours, jusqu'à dimanche inclus. J'ai hâte de reprendre.
Pas seulement parce que je m'ennuie et que je suis en perte de salaire... mais surtout parce que c'est difficile, la vie, en ce moment.
Depuis samedi, j'encaisse les chocs. Florent, ma mère, et moi, encaissons les chocs.
Impossible d'en parler à mon père, victime d'un AVC récemment. Impossible également d'informer mon frère, qui a la maladie de Chrone, et qui va un peu mal au ventre à cause de la contrariété due à l'accident de mon père.
Les jours passent, et c'est difficile de reprendre une vie normale.
C'est difficile car :
La Berlingo qui m'a percutée n'appartenait pas au conducteur.
Le conducteur répondait au téléphone au moment M.
Le conducteur était en état d'ivresse (oui, le test d'alcoolémie était positif... ON EN APPREND TOUS LES JOURS).
Propriétaire et conducteur ne sont très certainement pas assurés.
Les dégâts de ma voiture s'élèvent à plus de 8500 euros, sa valeur avant le sinistre montait à plus de 6200 euros (sans compter la garantie encore en cours)... Twinny est techniquement réparable, mais économiquement irréparable selon les mots de l'expert. Twinny est déclarée en épave. Twinny va partir pour la casse.
La gendarmerie est corrompue, je n'hésite pas à le balancer aux yeux du monde entier. La gendarmerie est corrompue, et ne me soutient pas dans mes démarches. Cet homme était en état d'ivresse, mais de ce fait, il n'était pas lucide au moment des faits, il n'est donc pas totalement responsable de l'accident. Buvons et ne soyons pas assuré, c'est le meilleur moyen pour n'avoir aucun problème !
Tout le monde me répète que je suis en vie, que c'est l'essentiel, que j'ai de la chance, j'aurais pu mourir, être handicapée, avoir quelque chose de cassé... Tout le monde me dit "la Twingo, c'est pas grave, c'est matériel".
MAIS PUTAIN NON ! CE N'EST PAS QUE MATÉRIEL !
Twinny était ma première voiture neuve. J'étais en train de la rembourser à ma mère. Il manque 5000 euros à honorer, ma dette est en "stand by".
Twinny était ma première voiture neuve, elle m'a donné de l'assurance, de la confiance en moi, quand Twinny I m'avait totalement démunie face à la conduite.
Je l'aimais cette bagnole. Je l'aimais vraiment. Elle m'a protégée. Elle s'est tout pris dans la gueule pour pas que je morfle, pour que je garde mes jambes, pour que je reste en vie.
Twinny, Twinny, c'était la liberté, l'indépendance, l'âge adulte. Je dois à Twinny mon histoire avec Florent. Elle est le trait d'union. C'est grâce à elle que nous sommes ensemble. Elle a été notre premier rendez-vous. "Tu me fais un gâteau ? - Tu laves ma voiture en échange ? - OK. Vendredi ?".
CE N'EST PAS QUE MATÉRIEL.
Au moment du choc, ce n'était pas qu'une voiture. C'était une voiture AVEC QUELQU'UN À L’INTÉRIEUR. Moi.
D'accord, j'ai un bon état de santé. J'ai des bleus, une brûlure au bras et des douleurs insupportables à la nuque, qui resteront à vie.
D'accord, je suis en vie.
Mais j'étais là. J'étais là quand cet enfoiré m'a percutée de plein fouet. C'est moi qui me suis pris l'airbag dans la gueule, c'est moi qui ai été assourdie par la violence de l'impact, l'explosion je devrais dire même, c'est moi qui était derrière mon volant, c'est moi qui suis restée bloquée dans la voiture, c'est moi qui avait le bras en sang, c'est moi que les pompiers ont amenée, c'est moi qui étais dans la voiture.
Je n'ai peut-être "rien", messieurs les gendarmes, mais j'étais là.
J'ai pleuré quand je suis montée dans la Twingo de ma mère, le même modèle.
Je crie quand je suis passager en voiture.
J'ai peur des autres conducteurs, si imprudents.
Je me glace devant celui qui a failli me tuer, et faire subir à mon homme et à ma famille l'éventuelle idée qu'ils auraient pu me perdre.
Je me glace lorsqu'à notre rencontre, il pense me donner 6000 euros pour clôturer l'affaire comme si de rien n'était. Je me glace lorsqu'il accepte les 9000 euros que je demande, mais qu'il se refuse (je devrais dire ILS, étant donné que le propriétaire est dans le coup) se refuse(nt) à signer un constat amiable, ma seule garantie de pas me faire entourlouper.
Je me glace quand on essaie de me prendre pour une conne.
Quand ça pue la malhonnêteté.
Quand on essaie de profiter d'une étudiante qui fait la plonge jusqu'à une heure du mat' pour vivre et rembourser sa voiture.
Quand c'est trop louche.
Quand les gendarmes prennent leur défense et disent que je suis "trop gourmande".
D'accord, c'est que matériel, et je n'ai "rien" (mais je n'appelle pas rien les séquelles et le suivi psychologique dont je vais devoir bénéficier), mais j'ai subi un préjudice matériel, financier (j'ai pas les moyens de me payer une voiture équivalente... même si l'assurance me rembourse) et moral important.
Tout ça pour dire : n'ayant plus de voiture pour aller travailler, étant traumatisée, en perte financière, et tout ce que je viens de citer plus haut, je me suis vue dans l'obligation de porter plainte contre le conducteur ET le propriétaire.
Quand on est ivre, qu'on prête sa voiture à un ami, que celui-ci a bu, qu'on est pas assurés, qu'on met la vie d'autrui en danger (et quand on bousille une Twinny chère à un coeur), qu'on refuse les modalités de l'arrangement convenu...
J'attends samedi prochain pour reparler de l'accident. Ça me fait du bien d'écrire, mais il faut que je prenne du recul, et ça me fera encore plus de bien après.