Vendredi 29 juin 2012 à 23:36

C'est encore difficile et surtout très douloureux de parler du samedi 23 juin, 16h15, où tout a basculé.
Je vous remercie pour vos nombreux messages d'encouragement, de soutien et d'amour. J'y répondrai quand j'aurai pris du recul.

Je suis en arrêt de travail de 8 jours, jusqu'à dimanche inclus. J'ai hâte de reprendre. 
Pas seulement parce que je m'ennuie et que je suis en perte de salaire... mais surtout parce que c'est difficile, la vie, en ce moment.

Depuis samedi, j'encaisse les chocs. Florent, ma mère, et moi, encaissons les chocs.
Impossible d'en parler à mon père, victime d'un AVC récemment. Impossible également d'informer mon frère, qui a la maladie de Chrone, et qui va un peu mal au ventre à cause de la contrariété due à l'accident de mon père.

Les jours passent, et c'est difficile de reprendre une vie normale.

C'est difficile car :

La Berlingo qui m'a percutée n'appartenait pas au conducteur.
Le conducteur répondait au téléphone au moment M.
Le conducteur était en état d'ivresse (oui, le test d'alcoolémie était positif... ON EN APPREND TOUS LES JOURS).
Propriétaire et conducteur ne sont très certainement pas assurés.
Les dégâts de ma voiture s'élèvent à plus de 8500 euros, sa valeur avant le sinistre montait à plus de 6200 euros (sans compter la garantie encore en cours)... Twinny est techniquement réparable, mais économiquement irréparable selon les mots de l'expert. Twinny est déclarée en épave. Twinny va partir pour la casse.

La gendarmerie est corrompue, je n'hésite pas à le balancer aux yeux du monde entier. La gendarmerie est corrompue, et ne me soutient pas dans mes démarches. Cet homme était en état d'ivresse, mais de ce fait, il n'était pas lucide au moment des faits, il n'est donc pas totalement responsable de l'accident. Buvons et ne soyons pas assuré, c'est le meilleur moyen pour n'avoir aucun problème !

Tout le monde me répète que je suis en vie, que c'est l'essentiel, que j'ai de la chance, j'aurais pu mourir, être handicapée, avoir quelque chose de cassé... Tout le monde me dit "la Twingo, c'est pas grave, c'est matériel".

MAIS PUTAIN NON ! CE N'EST PAS QUE MATÉRIEL !

Twinny était ma première voiture neuve. J'étais en train de la rembourser à ma mère. Il manque 5000 euros à honorer, ma dette est en "stand by".
Twinny était ma première voiture neuve, elle m'a donné de l'assurance, de la confiance en moi, quand Twinny I m'avait totalement démunie face à la conduite.

Je l'aimais cette bagnole. Je l'aimais vraiment. Elle m'a protégée. Elle s'est tout pris dans la gueule pour pas que je morfle, pour que je garde mes jambes, pour que je reste en vie. 

Twinny, Twinny, c'était la liberté, l'indépendance, l'âge adulte. Je dois à Twinny mon histoire avec Florent. Elle est le trait d'union. C'est grâce à elle que nous sommes ensemble. Elle a été notre premier rendez-vous. "Tu me fais un gâteau ? - Tu laves ma voiture en échange ? - OK. Vendredi ?".

CE N'EST PAS QUE MATÉRIEL.

Au moment du choc, ce n'était pas qu'une voiture. C'était une voiture AVEC QUELQU'UN À L’INTÉRIEUR. Moi.
D'accord, j'ai un bon état de santé. J'ai des bleus, une brûlure au bras et des douleurs insupportables à la nuque, qui resteront à vie.
D'accord, je suis en vie.

Mais j'étais là. J'étais là quand cet enfoiré m'a percutée de plein fouet. C'est moi qui me suis pris l'airbag dans la gueule, c'est moi qui ai été assourdie par la violence de l'impact, l'explosion je devrais dire même, c'est moi qui était derrière mon volant, c'est moi qui suis restée bloquée dans la voiture, c'est moi qui avait le bras en sang, c'est moi que les pompiers ont amenée, c'est moi qui étais dans la voiture.

Je n'ai peut-être "rien", messieurs les gendarmes, mais j'étais là.
J'ai pleuré quand je suis montée dans la Twingo de ma mère, le même modèle.
Je crie quand je suis passager en voiture. 
J'ai peur des autres conducteurs, si imprudents.

Je me glace devant celui qui a failli me tuer, et faire subir à mon homme et à ma famille l'éventuelle idée qu'ils auraient pu me perdre.
Je me glace lorsqu'à notre rencontre, il pense me donner 6000 euros pour clôturer l'affaire comme si de rien n'était. Je me glace lorsqu'il accepte les 9000 euros que je demande, mais qu'il se refuse (je devrais dire ILS, étant donné que le propriétaire est dans le coup) se refuse(nt) à signer un constat amiable, ma seule garantie de pas me faire entourlouper. 

Je me glace quand on essaie de me prendre pour une conne.
Quand ça pue la malhonnêteté.
Quand on essaie de profiter d'une étudiante qui fait la plonge jusqu'à une heure du mat' pour vivre et rembourser sa voiture.
Quand c'est trop louche.
Quand les gendarmes prennent leur défense et disent que je suis "trop gourmande".

D'accord, c'est que matériel, et je n'ai "rien" (mais je n'appelle pas rien les séquelles et le suivi psychologique dont je vais devoir bénéficier), mais j'ai subi un préjudice matériel, financier (j'ai pas les moyens de me payer une voiture équivalente... même si l'assurance me rembourse) et moral important.

Tout ça pour dire : n'ayant plus de voiture pour aller travailler, étant traumatisée, en perte financière, et tout ce que je viens de citer plus haut, je me suis vue dans l'obligation de porter plainte contre le conducteur ET le propriétaire.

Quand on est ivre, qu'on prête sa voiture à un ami, que celui-ci a bu, qu'on est pas assurés, qu'on met la vie d'autrui en danger (et quand on bousille une Twinny chère à un coeur), qu'on refuse les modalités de l'arrangement convenu...
ET BEN MESSIEURS, IL EST TEMPS D'ASSUMER SES RESPONSABILITÉS.

J'attends samedi prochain pour reparler de l'accident. Ça me fait du bien d'écrire, mais il faut que je prenne du recul, et ça me fera encore plus de bien après.


Samedi 23 juin 2012 à 23:02

Je revenais d'Istres. Une séance Cache-Cache. Et j'avais fait le plein.
Une camionnette arrivait en face.
Elle roulait au milieu.
Je roulais à 80 km/h et allait réduire ma vitesse.
Je me pousse à droite pour l'éviter. 
Elle se dirige droit sur moi.

L'impact est réel et non sans violence.
Le choc.
Le bruit.
Le bruit du choc.
Le bruit du pare-brise, en mille morceaux.
Les airbags qui se déclenchent.
Mes lunettes de soleil qui passent par-dessus la vitre pour se fracasser sur la route.
Le silence.
Ce putain de silence. 

Je commence à crier.
Je regarde mes mains. En sang.
Je regarde devant moi. Le pare-brise, une mosaïque.
J'ai perdu mon portable.
Une flamme. La flamme de l'airbag (fallait le savoir, hein).
Il fait chaud. Très chaud.
Je bouge mes jambes. Elles sont fonctionnelles.
Je veux ouvrir la portière. 
J'y arrive pas. Fermeture automatique.
Je veux l'ouvrir.
Le bouton de l'ouverture automatique a carrément sauté du tableau de bord. Il n'existe plus.
Je crie. 
Je hurle qu'on vienne me sortir de là.

J'attends peut-être dix-trente secondes ou une minute, j'en sais rien.

Celui qui a causé mon accident vient me sortir de là. Une chance que j'aie pas la clim et que la vitre soit baissée à 100 %. C'est par-là qu'il m'a sortie de là. J'ai traîné mon sac avec moi en criant "mon téléphone ! mon téléphone !"

Appeler Florent. Appeler Maman. Appeler mon employeur. Appeler Florent. Appeler Maman. Mon téléphone,

Supplier pendant une demi-heure :

- Mon téléphone, je veux mon téléphone. S'il vous plaît, retrouvez mon téléphone.
- Je suis désolé, on ne le retrouve pas.
- Mon téléphone. S'il vous plait. Je dois prévenir ma mère.

On l'a finalement retrouvé. Florent était déjà sur la route grâce à un témoin (j'ai bien fait d'écrire son numéro sur mon agenda la fois où j'avais oublié mon téléphone à la fac).

Ils ont pas voulu attendre qu'il arrive pour m'amener à l'hôpital.
Quand il est arrivé, il y avait déjà plus rien, et ils étaient en train de tout nettoyer. 

Il est venu me voir aux Urgences. J'étais toujours pas prise en charge.
J'ai pleuré quand il est arrivé, je lui ai tout raconté.

J'ai des ecchymoses, quelques petites plaies, un  troisième genou qui pousse. J'ai rien de cassé, mais j'ai un peu mal.
Je ne suis pas allée travailler, et je ne sais pas si ce sera possible demain.


C'était une journée qui apportait avec elle de bonnes nouvelles : ma mère avait un cadeau à m'offrir, et la bague de mes 6 mois avec Florent était enfin arrivée à la bijouterie.

Je revenais une séance shopping et un homme téléphonait au volant.
Voilà comment j'ai eu un véritable accident de la route.

Avec les pompiers, le sang, l'hôpital, les pleurs et les tremblements. 
Et la voiture, je sais pas encore.

Je ne veux pas rester seule. Je ne veux pas dormir seule.
J'ai peur pour demain, mais je suis terriblement chanceuse de n'avoir rien de grave, de ne pas être handicapée et d'être en vie.

Mardi 19 juin 2012 à 23:39

"Je te dérange ? Tu étais au lit ?
- Non, je regardais Disney Channel. Y'a un dessin animé qui raconte l'histoire d'un ver de terre qui danse le disco."

Mercredi 13 juin 2012 à 22:35

Je n'ai pas disparu de la circulation.
Enfin, si. Un peu. Un tantinet. Et j'en suis désolée pour les quelques uns qui s'entêtent à revenir ici.

Je pensais être de retour plus tôt sur ce blog, mais les aléas de la vie ont décidé le contraire.

La dernière fois que j'ai écrit un post, j'étais en train de boucler un mémoire de 224 pages, en retard pour motif de "travail en groupe" évidemment, et j'appréhendais les partiels du second semestre, puisqu'il fallait que je révise.
Chose impossible vu que je bossais (et que j'avais le stage).
Néanmoins, je peux vous affirmer que j'ai réussi mon année, le Master 1, et obtenu ainsi une Maîtrise en Ressources Humaines. 10,905 de moyenne, mention Passable. Ah bah oui, je ne suis pas en mesure de me plaindre : pour une fille qui n'avait jamais mis le pied à la Fac, je m'en tire plutôt bien et je devrais être fière de moi (l'emploi du conditionnel n'est pas une illusion d'optique).

J'ai beaucoup crisé, pleuré, paniqué, angoissé depuis deux mois. Il a fallu que je me reprenne... Sauf qu'une fois encore, la vie en a décidé autrement.
J'allais justement mieux y'a deux semaines, je pensais même réécrire ici tranquillement.
Mais j'ai encore pris une claque de l'amitié, décidé de prendre du recul...

Et quand je pensais être assez forte pour me passer des gens qui en ont strictement rien à foutre de moi (et dieu sait qu'ils sont nombreux, et qu'elles étaient belles les promesses d'amitié... et oui, je parle pour la plupart des "amies" de Draguignan, mais ne leur laissons pas la majorité absolue hein).

Bref. Je me relevais tout doucement. Au moment où, lundi dernier, mon père est tombé. AVC.

Je ne sais pas si ça vous ai déjà arrivé de vivre cette horrible situation avec un proche.
Le fait est que j'ai terriblement mal pris ce qui aurait pu coûter la vie à mon papa.

Ne pas connaître l'exactitude de son état de santé ;
Se dire qu'il n'a pas encore 60 ans ;
Aller le voir à l'hôpital ;
Le découvrir en dépression, en train de pleurer, de peur, d'angoisse, de mauvais souvenirs (Mamie Simone <3).

Je n'ai jamais vu mon père en dépression, à pleurer comme un bébé. Et je n'ai pas été assez forte pour surmonter ça.
Bien sûr, ce qu'il a eu aurait pu être plus grave, et dieu merci, ça n'a pas été le cas. Mais je l'ai maudite, cette chienne de vie. Je l'ai vraiment haïe, même. Je n'aurais pas accepté qu'il s'en aille, sans m'avoir vue devenir une femme épanouie, sans qu'il n'ait pu m'accompagner à l'autel et me dire que je suis jolie dans ma robe blanche, sans qu'il n'ait pu voir ses petits-enfants, sans que je n'aie pu encore profiter de lui parce que j'ai que 22 ans, bordel. J'en aurais été malade.

Et puis, il y a eu l'autre nouvelle. L'autre mauvaise nouvelle. Au même moment où je constatais ma réussite en M1, j'apprenais mon refus entier et définitif à l'entrée en M2 à Aix-Marseille. Je savais que ça marcherait pas du premier coup, je m'en doutais... mais je pensais que mon dossier serait au moins recevable en entretien, et il le valait. Je valais de défendre mon steak. Il fallait 11 de moyenne pour avoir cette chance. Il me manquait 0,095 points.

J'ai encore beaucoup pleuré. Refusé de le dire à mon père. Appréhendé de partir en le laissant derrière moi dans cette situation. Misé sur les autres formations tout en n'y croyant pas. Tout ça, en période de révisions pour les rattrapages, rattrapages choisis mais totalement inutiles désormais.

Je continue donc sur ma lancée. J'ai postulé sur Grenoble et deux fois sur Lyon. Nous verrons ce qu'il en sera.
Au pire, je me retrouve dans la même situation qu'il y a deux ans. Avec un peu plus de maturité pour aborder sereinement et avec plus de confiance une période ô combien difficile de recherche d'emploi. Mais ne soyons pas négatifs.

Florent a fait le choix de me suivre partout où j'irai. Il a hâte d'ailleurs. C'est un fou, je l'ai toujours dit.
Heureusement qu'il est là. Il a été d'un soutien inestimable pendant cette horrible période, et le sera encore pendant les semaines qui arrivent, tout aussi angoissantes puisque porteuses de mon avenir. Il me laissera pas tomber lui. Nous sommes complémentaires. 

Je me dis que dans ma vie, il n'y a que ma famille proche et lui qui comptent. J'ai trop été déçue par les autres, les "oh on se revoit l'année prochaine t'inquiète pas, ne pleure pas", "tu es une fille formidable, je veux pas perdre contact", "on partira en vacances là, là et puis là aussi", "je t'adooooore".

Voilà.
Ces deux derniers mois sont donc un melting-pot d'amertume, de souffrance, d'angoisse, de pleurs, d'incertitude et de colère.
Il ne valait donc mieux pas que je m'exprime ici.

J'espère revenir avec de meilleures nouvelles, même si la météo des potins ne s'annonce pas des meilleures.
Une bonne nouvelle quand même : Papa devrait sortir demain, avec un peu de chances, après une semaine et demi d'observation. Néanmoins, on lui recommande de faire une opération au cerveau, pour corriger l'artère qui s'affine beaucoup trop, et pourrait conduire à une paralysie plus grave en d'une nouvelle récidive de l'AVC.

Rien pour me rassurer donc.

Vendredi 27 avril 2012 à 11:23

Je peine à remonter à la surface, et je morfle beaucoup en ce moment.
Mais juste je voudrais dire quand même pour ce passage très rapide, qu'aujourd'hui, ça fait six mois que je vis l'histoire d'amour la plus graouesque avec le Koala (oui, c'est son nouveau surnom) et que voilà.

J’enchaîne les crises de larmes en ce moment, mais heureusement qu'il est là parce que je n'ai jamais été aussi démunie qu'en ce moment-là.

<< Page précédente | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | Page suivante >>

Créer un podcast